La première école française d'infirmières fut créée en 1902 .
La formation devenait nécessaire .
Innovation importante remontant, elle , au XVe siècle , deux siècles avant Vincent : les béguines (ces femmes ayant fait voeu de chasteté et
d'obéissance qui vivent en quasi-collectivité autour d'une chapelle ) ont l'autorisation de visiter les malades à domicile . <<Elles porterons elles-mêmes , lit-on dans un texte de 1630,
les remèdes aux malades , les traitant avec compassion , douceur , respect et dévotion .>> Ainsi celles qu'on appelle aujourd'hui les <<infirmières libérales >> ont
quatre siècles d'existence !
Le système des soeurs hospitalières durera jusqu'à la révolution : leur congrégations dissoutes , leurs biens <<nationnalisés >> , les
religieuses sont remplacées dans les hôpitaux <<par des citoyennes connues pour leur attachement à la république >> ... Mais hélas , presque totalement incompétentes , parce que sans
aucune préparation , ni formation .
Dés les années 1930,
le personnel soignant et laïque
est formé dans
des écoles spécialisées
Détail peu connu , cette <<laïcisation >> du personnel soignant des hôpitaux fut demandée bien avant la révolution : une expérience
avait été conduite à Lyon au XVIe siècle .Due à un prédicateur de l'ordre des cordeliers , Jean Tisserand , elle avait abouti <<à convertir à pénitence 25 paillardes
publiques >> et <<à les mettre en service au grand hôpital du Pont-du-Rhône , pour éviter qu'elles n'aient l'occasion de réchoir en public >> .Au bout de quelques années , les
pénitentes , sans doute rebutées par leurs taches auprès des malades , redevinrent pécheresses ...
Dés 1796 , les religieuses soignantes récupérèrent leurs places dans les hôpitaux , leurs couvents et , en 1801 , le concordat leur restitua tous
leurs biens : par la suite , la mère de Napoléon fut même appelée <<protectrice des soeurs hospitalières dans toute l'étendue de l'Empire >>. Les hospitalières sont rénumérées
et parfois logées à l'hôpital (cettaines vont dormir dans leur communauté . Un avantage en nature : nourries à l'hôpital où elles travaillent , elles ont droit <<au bouillon semblable à
celui des indigents valides et malades , bouillon fait dans une seule marmite >>.
Dés le milieu du XIXe siècle , insensiblement les soeurs de Saint -Vincent de Paul sont graduellement éliminées des hôpitaux , leur
méconnaissance des questions techniquesnne leur permettant pas d'assurer des soins corrects aux malades .
Dés 1877 , dans les hôpitaux , le personnel religieux n'assure plus que l'intendance et la surveillance , un personnel laïque se chargeant à la fois
des gros travaux et des soins .
Hélas ! ce personnel , fréquemment illettré , est incompétent et, de surcroît , cupide : souvent , il fait payer aux malades tisanes et cataplasmes
! Il faut présiser aussi que ces employées , mal payées , se reposent dans des dortoirs garnisnde paillasses (occupés le jour par les infirmières de nuit , pendant la nuit par les
infirmières de jour .
Une révolution totale s'impose : elle sera inspirée par une jeune anglaise issue d'une famille riche , Florence Nightingale (voir photo
article 1) . Sous une inspiration mystique <<Dieu m'a appelée à son service >> , la jeune femme suit en 1855-1856 , à 35 ans , les
armées anglaises engagées avec les Français dans la guerre de Crimée contre les Russes . A son retour , elle fonde en 1857 , à Londres , une école de <<Trained Nurses >>
(littéralement des <<gardes malades professionnelles>> ) où des éléves soumises à l'internat apprennent leur métier , selon des règles fixées par Florence .<< La fonction
soignante féminine , a-t-elle décidé , doit être déchargée de toute tâche subalterne dans un hôpital . Elle doit être à même de dispenser ce qui peut être qualifié de "soins éclairés " grâce à
une instruction préalable et doit être subordonnée à l'autorité médicale .>>
Les nurses mènent une existence très austère : deux heures de liberté par jour , un jour de congé par mois , une semaine par semestre ! Leurs études
terminées , elles exercent leur métier dans des hôpitaux Londonniens d'abord , dans toute l'Angleterre ensuite .
L'innovation lancée par Florence va faire tache d'huile . En 1902, est ouverte en France une <<école d'infirmières >> : la durée des
études est d'un an , le stage est rémunéré. Que faire des religieuses hospitalières (elles étaient encore 12 000 en 1898) ? Il est décidé que , si elles peuvent diriger les services auxiliaires
de l'hôpital, (cuisine , lingerie , vestiaire, buanderie ), leur sont retirés la plupart des soins y compris l'assistance des femmes en couches , la pratique des examens gynécologiques , les
soins aux hommes ,la toilette des enfants , la thérapeutique antivénérienne , etc.. Mais l'administration maintient en 1900 leur rémunération et leur entretien (logement ,
nourriture)
En 1907, s'ouvre à l'hôpital de la Salpétrière la célèbre école d'infirmières qu'on appellera l'<<école des bleus >> , en raison de la
couleur de la capote revêtue pour circuler dans l'hôpital quand il fait froid .C'est un école démocratique où <<les éléves se tutoient , ne se donnant même plus la peine de s'appeler
mademoiselle >> ... Peu importe , au demeurant , car le but est clair : dans les hôpitaux , il faut substituer la science à la prière .
Enfin , en 1922 , est créé le diplôme d'état d'infirmière , indispensable aux soignantes des hôpitaux pour délivrer des soins (le diplôme d'état
deviendra obligatioire dans les hôpitaux en 1946) . Elles ne sont plus , depuis quelques années , obligatoirement logées à l'hôpital et , progrès obtenu en 1905 , 50% d'entre elles sont mariées à
cette époque . En 1923-1924 , les salaires des infirmières (nourries et parfois logées à l'hôpital) Sont mensuels . Elles ont obtenue un jour de repos hebdomadaire . En 1934 , il reste encore 4
000 religieuses qui font fonction d'infirmière dans les hôpitaux publics , car elles ont pu passer un examen dit de <<récupération >> qui les a autoriser à exercer . Ce vestige de
l'organisation religieuse a disparu de nos jours dans les hôpitaux publics .
Ainsi , après de longs siècles , s'est élaboré peu à peu le métier d'infirmière , qui a remplacé la charité par la technique . Mais cela n'exclut
pas (moins encore que jadis ) l'observation de ce sage précepte moral d'un traité indien sur les devoirs de l'infirmier : <<seul est propre à soigner ou à assister le malade un homme de
sang-froid , vigoureux , aimable dans son maintient ,,ne médisant de personne , attentif aux besoins du malade , suivant strictement et infatiguablement les instructions du médecin
...>>
Ce qui est vrai en Inde vers 800 av .JC , l'est toujours pour les infirmiers et infirmières de l'époque moderne . (source : Top Santé
de juin 1996)