Jean-Eudes Nadeau : greffé du rein
Afin de souligner la Semaine nationale du don d’organes et de tissus, qui se déroule du 20 au 27 avril, le journal Les Versants s’est entretenu avec un greffé de Longueuil. Il y a environ six semaines, Jean-Eudes Nadeau sortait de l’hôpital Notre-Dame avec un nouveau rein, celui d’un donneur compatible, soit son jeune frère. Rencontre avec un nouvel homme.
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« C’est un diagnostic qui frappe fort, mais en même temps, la déception ne dure que 10 minutes. C’est une grosse épreuve à passer, mais j’ai décidé à ce moment-là de me virer de bord et de me dire : "La vie continue" », lance Jean-Eudes Nadeau. Son nouvel organe, le rein gauche de son frère Jean-Pierre, a été transplanté plus bas que la position anatomique normale, habituellement dans la fosse iliaque. « Un rein, un organe, ça ne se demande pas. Tu ne peux pas demander ça! Faut que ça vienne des autres. Mes frères, mon beau-frère, étaient tous prêts à m’aider. Mais à un moment, Jean-Pierre est revenu me voir, et il m’a dit : "Je suis sérieux. Je vais te venir en aide. Je veux te donner mon rein. Renseigne-toi, fais les tests nécessaires, appelle ton médecin; je suis prêt!" C’est un geste incroyable et pas évident en même temps. Mais c’est un cadeau et une fierté énorme d’avoir le rein de mon frère. Je serai toujours reconnaissant envers lui », de révéler Jean-Eudes Nadeau, qui s’assure, avant d’accepter l’opération, que son frère ne sera pas malade en perdant un rein. « Le Dr Diec m’a mentionné que les médecins ne prendraient pas le risque de guérir un patient pour en rendre malade un autre. Alors, j’ai accepté l’offre de mon frère, qui faisait ça sans arrière-pensée. »
Son histoire
Jean-Eudes Nadeau a toujours été en santé et actif. Classé 4e au Québec dans la catégorie Senior 60 ans et plus, et 10e au Canada au niveau Senior, il cumule près de 40 années d’expérience en tennis. C’est la raison pour laquelle il est demeuré très surpris, voire estomaqué, en novembre 2012, quand le médecin lui a annoncé que ses deux reins ne fonctionnaient plus. « Des difficultés respiratoires m’ont forcé à me rendre à l’hôpital parce que de l’eau s’accumulait sur mes poumons. Les médecins ont fait des tests pour en découvrir la raison et le verdict est finalement tombé : mes reins cessaient de fonctionner. Je devais aller en dialyse et subir une greffe. Pourtant, je n’avais aucune douleur; tout s’était déclaré d’un coup », indique monsieur Nadeau, ancien propriétaire d’une station d’essence sur le boulevard Clairevue, à Saint-Bruno-de-Montarville. Mais en plus d’être un athlète et un travailleur acharné, le mécanicien de métier est un battant et il ne s’est pas laissé anéantir par la nouvelle. Il n’était pas question d’abandonner.
La vie se poursuit
Après le diagnostic, la vie continue donc pour cet ancien Julievillois. Cependant, son existence change de façon draconienne : diète sévère, annulation de voyage et de tournoi de tennis, mais en plus, trois fois par semaine, les lundis, mercredis et vendredis, à raison de quatre heures à chaque occasion, monsieur Nadeau quitte la maison pour sa séance de dialyse. « Une semaine après avoir appris la nouvelle, je commençais mes traitements en dialyse. Je suis resté un mois à l’hôpital. Ensuite, je suis revenu à la maison, et j’ai poursuivi mes séances pendant 16 mois dans un pavillon réservé à cet effet à Greenfield Park », raconte l’homme de 65 ans. Pendant cette période, son nom est sur une liste en attente d’un rein pour un patient au groupe sanguin O. Mais son frère est venu changer grandement son temps d’attente. Le 11 mars dernier, les deux Nadeau entraient au bloc opératoire de l’hôpital Notre-Dame. Le 17 mars, Jean-Eudes en ressortait enfin, tel un nouvel homme; son frère, quant à lui, est en convalescence pour une période de deux mois à la maison. « Deux ou trois jours après la greffe, je n’avais plus aucune restriction. On m’a dit que c’était un très beau rein, tout rose, en santé. Ils ont fait la transplantation, les raccords, et le rein s’est mis à fonctionner immédiatement. C’est fantastique, quand on y pense! » Mentionnons que lorsque le don provient d’une personne vivante, il y a toujours moins de risque que s’il s’agit d’un don cadavérique.
Semaine nationale du don d’organes et de tissus
Dans deux mois, Jean-Eudes foulera le sol d’un terrain de tennis, raquette à la main, afin de reprendre l’action. À la maison, il s’entraîne 15 minutes quotidiennement, afin de reprendre la forme. En 2015, il compte bien se rendre à Mar del Plata, en Argentine, pour participer aux Jeux mondiaux des transplantés. « Les gens devraient profiter de la Semaine nationale pour se sensibiliser de leur vivant aux dons d’organe et signer leur carte. Il s’agit d’une opération de routine et sans risque. On parle ici de survie et croyez-moi, ça change une vie. » (source :Réseau Montérégie - Journal les Versants. Article de Frank Jr Rodi )