Greffé du foie le 02 01 2008 . Je désirerais entrer en contact avec toutes personnes greffées ou en attente de greffe. Je suis bénévole au sein de l'association Don de vie et Donneurs de vie. Prendre contact en laissant un message dans les commentaires .
Tout allait mal . Les médicaments antirejet laissaient l'organisme sans défense contre les microbes . Une infection vaginale se déclara , accompagnée d'hémoragies . Quelques jours plus tard , ce fut une pneumonie . Linda avait 40°,9 et frissonnait si violemment que son lit en était ébranlé et qu'il fallait la tenir . Les antibiotiques n'agissaient guère . On lui administra des plaquettes sanguines pour aider à la coagulationnormale du sang et des globules blancs pour lutter contre l'infection . C'est moi qui donnais des plaquettes , tous les jours . L'intervention durait quatre heures ; on commençait par introduire mon sang dans une centrifugeuse pour en extraire les plaquettes , après quoi on me restituait sang et plasma . Cela dura une demaine au cours de laquelle je donnai deux litres de sang ; ensuite , Jan prit la relève . Rusty, qui était arrivé entre-temps avec son frère fut choisi pour donner les globules blancs indispensables . Il subit pendant une semaine des interventions analogues aux miennes
Et cependant , malgrè nos efforts , Linda déclinait de jour en jour . La nuit , nous avions peur d'entendre sonner le téléphone . Puis un jour , le Dr Klock nous annonça , tout joyeux , que les poumons se dégageaient. Les globules blancs de Rusty l'avaient sauvée .
- Je peux bien vous le dire maintenant , nous avoua-t-il , c'est la pneumonie qui tue plus de la moitié de nos malades .
Mes cheveux commencèrent à tomber par poignées , j'en avais dans mon lit , dans les yeux, dans la bouche , dans mon assiette, partout . C'était affreux . J'avais l'air d'un monstre . Je les ai tous perdus , mais heureusement ni mes cils ni mes sourcils .
Tous les jours se ressemblaient , s'estompaient daans un mélange de souffrances : diarrhées, comprimés, piqûres, ponctions lombaires , rayons se succédaient et , quand je gardais deux goegées de coca-cola , on me récompensait d'un sourire . La nuit , je dormais d'un sommeil agité . Le Dr Klock redoutait autant que moi les ponctions lombaires que l'on pratique en insérant un long trocart entre les vertèbres . Mon dos , constellé de petits trous qui, chacun, m'avait arraché un hurlement , ressemblait à un paysage lunaire .Le vingt et unièmr jour , le Dr Klock tenta une fois de plus de prélever de la moelle dans ma hanche , et, à travers mes sanglots habituels , je l'entendis s'écrier :
- Aujourd'hui , ça y est ! il y en a !
La bouillie sanguinolente que le médecin étendit sur ses lamelles n'aurait rien signifié pour un profane , mais pour nous c'était le signe d'un miracle ; l'examen révéla que la moelle greffée prospérait et qu'elle ne contenait aucune cellule leucémique .
Par un bel après-midi ensoleillé , papa prit une glace accrochée au mur et ladisposa de manière à lui faire refléter le paysage qu'on voyait à travers la fenêtre . La chaîne descascades , couverte de neiges eternelles , étincelait au soleil , et son sommet avait l'air d'une gigantesque glace arrosée de sirop de myrtille.
Au bout d'un mois , je pus m'asseoir au bord de mon lit , pis dans un fauteil à côté , pendant quelques minutes . Je ne gardais toujours aucune nourriture et on m'alimentais au moyen d'une sonde insérée dans la veine sous-clavière . Enfin , je retrouvais mon fauteil roulant et , un jour ,,on me conduisit dans une salle d'où je pus apercevoir , par la fenêtre , notre appartement . Mais le spectacle qui me ravit par-dessus tout fut celui du mont Rainier dont la cime se perdait dans les nuages , à 4 400 mêtres d'altitude .
Après avoir passé six semaines à Seattle , je regagnais Nashville , et le 7 juillet je reçus la plus belle lettre de ma vvie : <<Cher papa , j'en ai tellement assez d'être ici que j'ai envie de hurler . Quelle joie ce sera de rentrer à la maison ! J'ai l'impression de mourrir de faim , mais je suis toujours incapable de rien manger , je t'aime . Linda >> Chaque fois qu'elle avait frisé la mort , Linda avait soutenu qu'elle allait bien . Cette fois , elle se plaignait , j'étais sûr qu'elle allait mieux .
A mesure que nous approchions tout doucement du jour fatidique , le centième après l'intervention , celui où elle quitterait l'hôpital s'il ne restait aucune trace de leucémie , la tension devenait intolérable . Chaque journée semblait plus longue que la précédente ...89...90...91... Enfin l'attente se termina . Jeannine m'appela et s'écria :
- Le dernier prélévementa eu lieu aujourd'hui . Tout va bien . Nous serons à la maison le 21.
A la date prévue , l'avion qui ramanait Linda s'immobilisa sur l'aérodrome de Nashville à 21 h 30 . Devant une énorme pancarte portant les mots <<BIENVENUE A LINDA ET JAN HONICKER!>>, quantité d'amis fidèles criaient <<hourra !>> , pleuraient et applaudissaient . Linda , en minijupe et en sandales , apparut dans l'encadrement de la porte et , sous son masque bleu stérile , je vis sedessiner un large sourire . Les larmes aux yeux , suffoquant de rire , elle descenfit lentement la passerelle et s'écroula dans mes bras . Nul besoin de paroles ; elle se retrouvait chez elle , elle avait gagné.
Le 11 mai 1974 , , trois cent soixante-cinq jours après la greffe , la famille Honicker s'est assise autour de la table de la salle à manger . On a allumé une bougie , tout en haut , au sommet d'un énorme gâteau , et tout le monde a chanté en choeur ; <<joyeux anniversaire !joyeux anniversaire à notre chère Linda !>>. Et la formule était appropriée: Linda était bel et bien née une seconde fois , un an plus tôt , jour pour jour .
En août 1974, Linda subit pendant huit jours toute une série d'examens à Seattle . Les résultats ont prouvé qu'elle était en parfaite santé . Elle travaille , mène une vie normale , et ne prend d'autre médicament qu'un banal complexe de vitamines et de minéraux . Nul ne peut présumer l'avenir , bien entendu , mais , selon tous les critères médicaux , Linda semble bien avoir triomphé de la leucémie . (source : reader's digest 1974)